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Allocution d'ouverture de Monsieur le Gouverneur de la BCEAO au webinaire international sur les enjeux de la stratégie digitale pour les banques africaines - Dakar, 25 mai 2021

Chers collègues Gouverneurs,

Honorables invités, en vos rangs, titres et qualités,

Chers participants,

 

Je voudrais saluer votre présence nombreuse à cette importante rencontre, qui témoigne, une fois de plus, de l'intérêt que vous portez aux initiatives de la BCEAO en matière de partage d’expériences sur des sujets d’intérêt commun.

Je remercie tout particulièrement les Banques Centrales partenaires dont la présence confirme l'excellence de la coopération entre nos institutions.

Nous sommes réunis aujourd'hui pour le lancement de l'édition 2021 du programme conjoint COFEB-HEC Paris de renforcement des capacités managériales des dirigeants du secteur bancaire et financier.

Ce programme s'inscrit dans le cadre de l'accompagnement que la Banque Centrale a jugé opportun d’apporter aux acteurs de cet écosystème, en particulier dans le contexte de la crise sanitaire de la COVID-19 qui se prolonge.

 

Mesdames et Messieurs,

C'est le lieu de rappeler que l'édition 2020 du programme COFEB-HEC Paris avait mis l'accent sur les mesures urgentes et coordonnées prises aux plans mondial et communautaire pour juguler les effets négatifs de la COVID-19.

Dans la même logique, une attention particulière avait été portée sur l'accompagnement du secteur bancaire pour l'adoption de stratégies appropriées de gestion en période de crise.

Je note avec satisfaction que les efforts consentis ont contribué à atténuer les effets de cette pandémie sur le secteur bancaire et aussi sur les économies de notre sous-région.

Je saisis l'opportunité de cet instant pour saluer l'engagement de la profession bancaire aux côtés de la BCEAO et des Etats pour relever ensemble les défis rencontrés.

Pour l'édition 2021, la BCEAO a décidé de mettre l'accent sur les nouveaux enjeux stratégiques liés aux mutations du système bancaire et financier.

Au rang de ces défis, figure la transformation digitale qui ouvre à nos populations l'accès à des services financiers mieux adaptés à leurs besoins et surtout moins coûteux.

Le séminaire sur le thème "enjeux de la stratégie digitale pour les banques africaines", trouve là toute sa justification.

Il nous permettra d'approfondir les échanges sur ces problématiques, de mesurer pleinement la transformation digitale que vit le secteur bancaire et financier, mais également, de réfléchir aux enjeux et de formuler des recommandations pour aller de l'avant.

A cet égard, je voudrais me réjouir de l’agrément accordé en 2019 à la première banque 100% digitale de l'UEMOA.

Celle-ci met à la disposition de ses clients, via la téléphonie mobile, des services de paiement, d'épargne, ainsi que des crédits à la consommation et des prêts immobiliers.

 

Honorables invités, Mesdames et Messieurs,

La BCEAO est consciente de l'avancée irréversible du processus de la digitalisation et de son impact sur le développement du secteur financier et la croissance de nos économies.

Cette conviction a largement orienté certaines initiatives que nous avons prises au cours des dernières années.

Je voudrais en citer quelques unes.

D'abord au plan institutionnel, les Instances habilitées de l’UEMOA ont adopté en 2016, sur proposition de la BCEAO, une Stratégie Régionale d’Inclusion Financière.

Le troisième Axe de cette stratégie, consacré à la promotion des innovations favorables à l'inclusion financière, met l'accent sur la généralisation de l’offre de services financiers digitaux comme moyen de parvenir à l'accès universel.

Pour relever ce défi, le système bancaire de l'Union est appelé à développer des partenariats avec les entreprises de FinTech, tout en veillant à la protection des consommateurs, à la qualité des services et à la sécurité des transactions.

C'est dans cet esprit que la BCEAO a créé récemment un Comité interne dédié aux Fintech.

Ensuite au plan réglementaire, nous avons édicté déjà en 2015, une instruction qui élargit les privilèges d'émission et de gestion de la monnaie électronique dans les pays membres de l'UEMOA à des acteurs non bancaires créés et agréés à cet effet.

Cette activité était jusque-là réservée exclusivement aux seules banques.

Je tiens à souligner ici, qu'à la faveur de ces mesures, le taux d'inclusion financière dans notre Union est passé de 22% en 2010 à près de 63% en 2020.

Cette forte progression est imputable à la digitalisation des services financiers, notamment par le biais de la téléphonie mobile.

Une revue récente des résultats obtenus montre que cinq pays de l'Union rejoignent aujourd'hui le peloton de tête des pays africains affichant les plus forts taux d'inclusion financière.

Il s'agit de la Côte d'Ivoire (82,5%), du Togo (80,9%), du Bénin (78,8%) du Sénégal (73,9%) et du Burkina (70,9%).

Selon les informations à notre disposition, ces taux se situeraient à 83% pour le Kenya, à 65% pour la Tanzanie et à 60% pour le Nigeria.

Ces résultats sont à l'évidence un encouragement pour continuer à oeuvrer au renforcement du cadre réglementaire pour une meilleure gestion des risques résultant de la digitalisation.

Il s'agira par conséquent d'approfondir la réflexion en faveur d'une supervision efficace des établissements de crédit en recourant aux technologies appropriées.

 

Au niveau de l’architecture des paiements, la BCEAO a mené, au cours des dernières années, une modernisation des moyens de paiement électroniques et la promotion de l'accès aux services financiers.

Plus récemment, elle a lancé en 2017 le projet d'interopérabilité des services financiers numériques afin de doter notre zone d'une plate-forme de paiements digitaux permettant des échanges sécurisés de compte à compte, entre tous les acteurs de l'écosystème financier.

L'objectif recherché est, à terme, de basculer vers une digitalisation intégrale des opérations de paiement au sein de l'Union.

Enfin, concernant le volet formation et information, nos actions ont visé principalement deux cibles.

La première cible qui concerne les utilisateurs des services financiers est de loin la plus sensible et la plus complexe dans notre zone et ailleurs, au regard du faible niveau d'alphabétisation et d'éducation financière d'une frange importante de la population.

Pour y répondre, nous avons conçu avec certains partenaires, un vaste programme d'éducation financière qui sera incessamment développé dans tous les Etats de l'Union.

Dans ce cadre, nous n'avons pas oublié les administrations publiques en tant qu'utilisateurs des services financiers. A leur attention, un guide a été publié en 2021 pour les assister dans la digitalisation de leur processus de paiement.

Pour ce qui concerne les fournisseurs de services, les régulateurs et les superviseurs, la meilleure approche de formation et d'information nous semble être ce que nous partageons aujourd'hui, à savoir les rencontres d'échange et les formations ciblées.

L'édition 2021 du programme conjoint COFEB-HEC Paris qui vise à renforcer les capacités managériales du secteur bancaire s’inscrit dans cette perspective.

C'est aussi dans cet esprit que le COFEB a diversifié sa politique d'accompagnement du secteur bancaire en organisant des actions de formation sur les thématiques de la digitalisation.

 

Mesdames et Messieurs,

Il y a environ un an et demi, j'ai décidé d'ériger le COFEB en Direction Générale avec pour ambition d'en faire un Centre d'excellence de dimension internationale dans les domaines de la formation et de la recherche.

La coopération déjà fructueuse avec des Universités, Centres de Formation et Centres de Recherche de renom, constitue la pierre angulaire de cette stratégie de positionnement international du COFEB.

Dans cette vision, des discussions sont aussi bien engagées avec la “Havard Business School” en vue d'offrir d'autres types de produits de formation dans le cadre de cette ouverture.

Naturellement, l'école HEC Paris, avec laquelle nous travaillons depuis plusieurs années fait partie de nos partenaires privilégiés dans cette nouvelle dynamique.

C'est le lieu d'exprimer toute ma satisfaction et de remercier les responsables de cette grande école, de renommée internationale, pour la qualité de leur contribution aux actions d'accompagnement que nous mettons en œuvre au profit du système bancaire de la zone.

Ce partenariat fructueux engagé entre le COFEB et HEC Paris depuis plus de huit ans a permis de certifier, à ce jour, plus de 2.800 cadres de banque, à la grande satisfaction de la profession bancaire.

Je demeure convaincu que les Parcours certifiants proposés cette année contribueront à améliorer durablement les aptitudes des institutions financières qui voudront bien inscrire leurs cadres.

Je vous invite donc à vous inscrire et à rejoindre les différents Parcours qui vont être présentés par les représentants du COFEB et de HEC Paris.

Comme à l'accoutumée, la BCEAO a décidé, cette année encore, de dégager une enveloppe spéciale destinée à subventionner les coûts des formations.

Cela a permis de réduire de moitié les tarifs proposés comparés à ceux du catalogue de HEC Paris.

 

Honorables invités, Mesdames et Messieurs,

En vous réitérant ma satisfaction de vous voir participer activement à ces échanges, je déclare ouvert ce séminaire international sur le thème « Enjeux de la stratégie digitale pour les banques africaines».

 

Je vous remercie de votre bienveillante attention.